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Extensis est une multinationale dont le siège est basé à Portland, dans l’Oregon. Dans le jargon Extensis, la notion d’archives culturelles fait référence aux musées, bibliothèques et organisations du monde entier dotés d’importants niveaux de ressources et de financements. Nous avons souhaité nous pencher quelques instants sur le remarquable travail d’archivage assuré, tout près de nous, par le GLAPN (Gay and Lesbian Archives of the Pacific Northwest, centre des archives de la communauté homosexuelle de la région du Pacifique Nord-Ouest).
Créé en 1994, le GLAPN est guidé par les travaux de l’historien Allan Bérubé autour de récits et des difficultés rencontrées par les communautés gay et lesbienne à l’époque de la Seconde Guerre Mondiale. D’après le président du GLAPN’s, Robin Will, les premiers temps, le centre s’efforçait avant tout de ressortir les ouvrages documentaires et les journaux des poubelles. En raison des forts préjugés envers l’homosexualité, de nombreuses familles ressentaient un sentiment de honte à l’idée qu’un membre de leur cercle familial puisse être homosexuel et veillaient, de ce fait, à effacer la moindre trace de leur mode de vie. Comme me l’a expliqué le président du GLAPN’s, Robin Will, « les gens ne souhaitaient pas forcément admettre qu’un membre de leur famille était homosexuel. Ainsi, au décès d’une personne homosexuelle, toutes les traces écrites (ouvrages, albums-photos, lettres) étaient jetées. Ce qui a suscité la curiosité des membres de la communauté qui réalisaient que nous passions à côté de tas d’histoires ! Un élan qui a conduit des personnalités aussi dynamiques que Tom Cook et Jeanine Wittcke à créer le GLAPN en 1994. » Au fil des années, les travaux du centre ont évolué considérablement.
Le GLAPN ne se contente plus d’effectuer des « fouilles ». Le centre est notamment impliqué dans le programme Capstone de l’Université de l’état de Portland dans le cadre duquel il s’engage à proposer 20 nouveaux témoignages d’aînés de la communauté LGBTQIA+ durant chaque semestre universitaire (soit environ 40 par année civile). Les étudiants peuvent alors s’entretenir avec les auteurs de ces témoignages, puis retranscrire et télécharger le fruit de leurs échanges. Le GLAPN collabore avec l’Oregon Historical Society Museum (musée sur l’histoire de la société de l’Oregon) afin que ces entretiens puissent être consultés par le grand public. Ce projet a permis à des étudiants d’avoir une meilleure compréhension de l’histoire, des années plus tard. Au lieu de mettre en avant un rassemblement en particulier ou des entreprises détenues par des membres de la communauté LGBTQIA+, ces témoignages permettent de couvrir des décennies de la vie de la société dans la région du Pacifique Nord-Ouest.
Le militant George T. Nicola s’appuie également sur des sources d’information primaires pour reconstruire et retracer la véritable histoire de la communauté LGBTQIA+ dans la région du Pacifique Nord‑Ouest. Ces informations sont rendues publiques sur le site Web du GLAPN. Désireux de mettre en lumière l’histoire d’aujourd’hui, le centre sollicite également l’engagement et l’implication de la communauté dans le cadre du projet annuel Queer Heroes (Héros homos). Les participants peuvent désigner un héros homosexuel et, après comptabilisation des résultats, 30 héros sont élus (un pour chaque jour de juin, mois de la Fierté).
Les objets physiques et les archives du GLAPN sont en grande partie conservés au sein de l’Oregon Historical Society. J’ai donc souhaité en savoir plus sur le mode de gestion de leurs ressources numériques. Les structures de plus petite envergure telles que le GLAPN ne sont pas en mesure de dédier autant d’espace aux ressources numériques qu’un musée ou une bibliothèque. Et il est fort à parier qu’elles n’ont pas non plus la même facilité d’accès aux solutions de stockage et de partage numériques. Le centre s’efforce actuellement d’ajouter des métadonnées à l’ensemble des photos de la collection afin de renseigner le contexte et de simplifier les procédures de recherche. L’Oregon Historical Society étant temporairement en chantier, les membres du comité de direction recueillent chez eux les dernières acquisitions en termes de documents et de ressources. Le besoin d’un espace de bureau dédié est désormais indéniable, notamment d’un espace de numérisation dédié. Plus ses moyens de numérisation seront rapides et efficaces, plus le GLAPN gagnera du temps dans la répartition et la distribution des projets aux bénévoles.
Rien de plus facile que de comparer l’histoire à une pile de documents et d’ouvrages poussiéreux. Pourtant, mieux vaut éviter cet écueil à tout prix. L’histoire fait à tout moment l’objet de nouvelles découvertes, de travaux de révision et de projets de réécriture de manière à intégrer de nouveaux points de vue. D’après Robin Will, malgré les efforts déployés par le GLAPN, il n’est pas simple d’obtenir des récits de la communauté basés sur une approche multidimensionnelle afin de reconstituer l’histoire de la région du Pacifique Nord-Ouest de manière plus exhaustive et inclusive. « L’histoire de la communauté noire de Portland est très riche, mais elle repose essentiellement sur la tradition orale. Il existe peu de traces écrites. » Le GLAPN ne souhaite pas se contenter de retranscrire ces récits sur papier et privilégie au contraire les interviews enregistrées dont les résultats sont bien plus probants que la retranscription, notamment dans l’art de respecter la forme du récit de ces différents témoignages.
Au cours des derniers mois, de nombreux événements ont malheureusement été annulés pour des raisons de santé publique, notamment les manifestations de la fierté homosexuelle. La célébration du mois de la FIERTÉ en 2020 est un défi de taille. Sans compter les objectifs de financement que les organisations peinent à atteindre sans la tenue de ces événements. Si vous souhaitez aider le GLAPN à retracer l’histoire, effectuez un don sur la page d’accueil du site.