Les professionnels de la création élaborent des plans d’action pour gérer le retrait des polices PostScript de type 1. Et certaines personnes croient avoir trouvé une solution simple : la conversion de police.
Avec une simple recherche sur Google, vous trouverez environ un million d’options logicielles de conversion de polices qui promettent de convertir les polices PostScript en polices OpenType (parfois gratuitement pour certaines).
C’est tentant, n’est-ce pas ? La conversion de vos polices peut sembler plus facile que l’audit de l’ensemble de votre collection de polices, moins coûteuse que l’achat d’une nouvelle police ou être une autre façon de mettre à jour une ancienne police vers une police plus moderne et flexible.
L’idée de convertir les polices PostScript est très populaire. Selon les réponses aux sondages des clients reprises dans notre infographie « Quel est l’avenir des polices PostScript ? », 30 % des professionnels de la création ont déclaré qu’ils prévoyaient d’utiliser un logiciel de conversion de polices pour convertir leurs polices PostScript de type 1.
Mais convertir une police n’est pas aussi facile (ou aussi légitime) que vous le pensez. Voici pourquoi.
Chaque logiciel de conversion de police fonctionne différemment selon le type de police que vous convertissez ou selon la raison de la conversion. Mais généralement, les programmes de conversion de polices tentent de faire deux choses.
Tout d’abord, un programme de conversion de polices sert à dupliquer les glyphes spécifiques d’une police afin de préserver son apparence distincte. Simultanément, il ajuste le code de la police afin qu’elle puisse être consultée par un autre système d’exploitation, une application spécifique ou utilisée à des fins spécifiques.
Voici quelques exemples de conversion de polices :
Cependant, les polices sont des logiciels compliqués avec de nombreuses petites nuances et, pour les polices modernes, des années et des années de mises à jour. De plus, tous les logiciels de conversion de polices ne sont pas équivalents, ce qui peut engendrer toutes sortes de résultats, de presque parfait à... presque nul.
L’un des résultats les plus inquiétants d’une mauvaise conversion est qu’elle pourrait finir par endommager l’intégrité de la police. Vous pouvez convertir une police PostScript en police OpenType et constater que l’application Adobe ne la reconnaît toujours pas ou qu’elle modifie radicalement la mise en page de votre projet.
Vous pouvez également constater que votre logiciel de conversion ne copie pas les informations essentielles sur la police de manière exacte, comme le nom du menu de police. Cela peut poser problème pour les logiciels de gestion des polices qui utilisent l’activation automatique des polices. Si le nom interne de la police a été modifié, le système peut ne plus reconnaître la police (mince !).
En outre, les polices converties peuvent être très difficiles à suivre, ce qui représente un cauchemar logistique, en particulier compte tenu de la taille des collections de polices de la plupart des entreprises. Imaginez qu’un client demande la preuve d’achat d’une police, pour se retrouver avec un type de police converti sans s’en rendre compte. Cela pourrait devenir problématique si la conversion de polices va à l’encontre du CLUF d’une police (nous y reviendrons dans une minute).
La tentation de convertir des polices PostScript en polices OpenType est souvent motivée par des raisons financières. Pour certains, c’est par frugalité, (« J’ai dépensé beaucoup d’argent pour acheter toutes ces polices, maintenant vous voulez que j’en achète de nouvelles ? Pourquoi racheter ce que j’ai déjà ? »). Pour d’autres, cela ressemble plus à une décision commerciale (« Mes clients veulent que j’utilise des polices PostScript et leur entreprise représente une part importante de mes résultats financiers. »). Mais avez-vous pris en compte les coûts potentiels à long terme de la conversion des polices ?
Après avoir discuté avec certains de nos propres clients, la conversion de polices PostScript en polices OpenType peut ne pas permettre d’économiser beaucoup de temps ou d’argent par rapport à l’achat et au téléchargement de nouvelles polices.
Notre enquête auprès des consommateurs, disponible sur notre blog, « Les risques cachés d’une mauvaise utilisation des licences de police », estime tqu’une collection moyenne de polices d’entreprise est composée d’environ 4 500 polices. Et selon les estimations mises en avant sur notre blog, « Comment se préparer à la fin des polices PostScript de type 1 », environ un quart d’entre elles sont des polices PostScript. Cela représente plus de 1 100 polices PostScript qui doivent être remplacées, d’une manière ou d’une autre. Vaut-il la peine de convertir individuellement 1 100 polices ? Qui se chargera de ce travail ? Comment allez-vous garder une trace des polices converties ? Et que se passe-t-il si la conversion ne fonctionne pas et que les programmes ne reconnaissent pas la nouvelle police ?
Vous ne payez peut-être pas directement un tout nouvel ensemble de polices. Mais vous pourriez avoir d’autres coûts, comme des besoins en ressources,des interruptions de flux de travail et des retards de projet, ce qui peut être tout aussi douloureux financièrement.
Si payer pour de nouvelles polices vous fait grimacer, considérez qui vous soutenez réellement. Vous payez un concepteur de polices de caractères pour son travail (un professionnel de la création, tout comme vous et vos coéquipiers). Et comme on dit : le coût reflète le temps et les efforts consacrés au résultat. La création d’une police (en particulier une police interexploitable entre les applications, les systèmes d’exploitation et sur plusieurs supports) peut prendre des années. De tels artistes indépendants ne devraient-ils pas être rémunérés équitablement pour le travail qu’ils effectuent ?
Essayons de voir les choses sous un autre angle : que vous soyez un concepteur, un collaborateur qui travaille avec des concepteurs ou que vous employiez des concepteurs, vous savez à quel point il est frustrant que le travail d’un concepteur soit copié et réutilisé sans autorisation par autrui pour en tirer profit. Donc, entre professionnels de la création, il est préférable d’avoir de bonnes habitudes (et un bon karma) en rémunérant nos concepteurs de polices équitablement, plutôt qu’en piratant leurs polices par conversion.
WDans cet esprit, de nombreuses fonderies et revendeurs de polices ont des règles spécifiques dans leurs contrats de licence d’utilisateur final (ou CLUF) qui n’autorisent pas la conversion de polices afin de protéger l’intégrité du travail de la fonderie. La conversion illégale de polices peut entraîner des poursuites judiciaires très coûteuses, comme certaines de ces marques prestigieuses peuvent en témoigner.
Pensez à tous les logiciels que vous utilisez quotidiennement pour faire fonctionner votre entreprise. Tenez compte de toutes les mises à jour nécessaires pour que votre équipe continue de travailler efficacement, de manière créative et conformément aux meilleures pratiques du secteur.
La police n’est qu’un type de logiciel parmi d’autres. La seule différence est que les polices PostScript n’ont vraiment pas beaucoup changé depuis leur entrée sur le marché. Elles ont servi de tremplin pour des polices plus flexibles qui peuvent répondre aux exigences des besoins commerciaux créatifs actuels. Est-il vraiment judicieux sur le plan commercial de travailler avec une programmation qui n’a pas changé depuis 30 ans ? Comment pouvez-vous rester compétitif en utilisant une technologie qui n’est plus prise en charge ?
La conversion des polices peut constituer une solution facile, mais ce n’est pas la seule solution pour gérer la fin de la prise en charge des polices PostScript.
Ne laissez pas la solution facile vous causer plus d’ennuis. La conversion de vos polices PostScript en polices OpenType peut paraître la solution la plus rapide (et la moins coûteuse), mais le temps et les dépenses potentiels liés à la gestion de mauvaises conversions pourraient finir par vous coûter plus cher que ce à quoi vous vous attendiez.